TOPONYMIE ET MICROTOPONYMIE

 

Nous somme redevables à Marcel Frantz d'un étude importante de microtoponymie dont il est utile de rappeler l'avant propos :

Très tôt les hommes ont donné un nom à leur territoire et à ses subdivisions pour satisfaire à une nécessité élémentaire de repérage et d'identification. L'objet de la toponymie (étude des noms de lieux) et de la microtoponymie (étude des noms de lieux-dits) est d'essayer d'approcher le sens premier de ces noms. Si certains sont, ou paraissent évidents, d'autres résistent à toute tentative d'interprétation. Si l'on ajoute que les noms naissent, vivent, évoluent et se transforment souvent puis disparaissent, des noms qui ont changé d'aspect, de prononciation, on comprendra aisément que l'objet de cette étude n'est pas de donner la solution, la réponse à chaque interrogation, mais avant tout de suggérer des hypothèses, des pistes de recherches.

          Neuilly

         Il y en a 3 en Haute-Marne : Neuilly Sur Suize, Neuilly L'Evèque (canton), Nully (canton de Doulevant).

 

         Voici les différentes formes de ce toponyme relevées par Roserot :

         - Nuilliacum 1204-1210
         - Nuilleium 1227
         - Nuelli  1240
         - Nuelliacum super Susam 1249-1252
         - Nuilly-sur-Suyse 1276-1278
         - Nulley-sur-Suize 1399
         - Neulleyum super Suiziam 1455
         - Nully-sur-Suize 1700
         - Neuilly-sur-Suize 1773

    

            Citons maintenant quelques exemples de lieux-dits :

        Canton des Écluses :

        Un "canton" était jusqu'au XVIIIème siècle un "coin de pays".

 Le mot "pays" est à prendre ici au sens de village. Il s'agit du coin

 des écluses, situé en face du bief qui distribuait l'eau au moulin où

 des écluses (vannes) régulaient la chute de l'eau.

 

Vannage du bief du moulin

        Champ de la Farge :                                                                           

        Le mot "farge" est un dérivé de "forge"; cela n'a rien d'étonnant car en Haute-Marne, les "o" ouverts sont presque prononcés "a". Il serait intéressant de retrouver une trace de cette forge, peut-être à proximité du champ en question. Il ne faut pas écarter le nom d'homme Lafarge de même origine.

         Peux Champs :

         L'adjectif "peut, peute" est encore bien utilisé de nos jours : "Y fait l'peut : arrête de faire la peute; y fait un peut temps; l'temps s'peussi". Du latin putidus : qui sent mauvais l'adjectif désigne des idées de petitesse, de laideur.

         Les Grandes Englaises ou Anglaises :

         L'attraction paronymique a joué et de là à imaginer des propriétaires femmes, grande et Anglaises, il n'y a qu'un pas. Sans pour autant rejeter cette possibilité, le jeu de mot semble évident. Le lieu-dit est à côté des longues Royes. La proximité jouant, je pense qu'il est plus logique de comprendre les grandes(royes=les champs longs) en glaise (avec une terre lourde). Le lieu est actuellement occupé par une forêt. Une souille rencontrée au hasard d'une promenade semble confirmer la présence d'argile.

        La Justice :

         Les lieux-dits " La Justice" attestent du pouvoir du seigneur local et désignent l'endroit où s'élevait le gibet, souvent sur une hauteur et à l'extrémité du finage afin d'être vu de loin et pour rejeter symboliquement le condamné hors de la communauté.

        Roi de Prusse :

         "Roi" est vraisemblablement une altération de "roie", sillon. Le lieu-dit est situé à proximité des "Longues Royes". "Prusse" est une contraction de "Perrusse/ Perruche", dérivé de pierre. Le microtoponyme peut donc désigner un terrain pierreux ou plutôt un nom d'homme. Le jeu de mots allait de soi avec, à proximité, "Les Grandes Anglaises".

 L'étude peut être consultée en mairie.

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